L’avis du Matin : Refusons de suivre les incendiaires qui veulent détruire le peu qui reste de notre équilibre social.

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L’avis du Matin : Refusons de suivre les incendiaires qui veulent détruire le peu qui reste de notre équilibre social.

Le Mali est pris au piège d’une crise complexe depuis plus de deux décennies, mais il ne s’est pas complètement effondré en raison de certains équilibres, comme la cohabitation pacifique de nos religions.
Un équilibre délicat qui a récemment été mis à l’épreuve par des individus qui perçoivent la laïcité comme autre chose que le respect de la liberté religieuse.

C’est ainsi que nous avons appris que le Collectif « Je suis malien et chrétien, ne touchez pas à ma religion » a porté plainte auprès du procureur de la République près le Tribunal de grande instance (TGI) de la commune IV de Bamako contre l’imam Mahi Ouattara pour « outrage, injures, et le blasphème envers la religion chrétienne via les médias sociaux et Internet. »
Heureusement, il a abandonné la plainte susmentionnée suite à la médiation du HCI-Mali, qui a clairement évalué l’ampleur de cette plainte et ses implications pour l’ordre public.

Certes, le film offensant est terrible et ne représente pas les réalités socio-religieuses de notre nation.
L’agression contre l’imam Ouattara est d’autant plus cruelle que la personne qui a insulté l’islam n’est pas chrétienne et que ses actions ont été largement critiquées par la communauté chrétienne, qui s’est ralliée aux musulmans place de l’Indépendance le 5 novembre. Sinon, l’imam a tout intérêt à éviter cette provocation.
En y succombant, il donne du crédit à ceux qui veulent une purge du secteur de la prédication dans notre pays.
Sur quoi travaille le Haut Conseil Islamique (HCI/Mali).

Aujourd’hui, personne n’a intérêt à réduire l’espace de tolérance et d’acceptation réciproque qui caractérise la culture malienne depuis des générations.
Au contraire, il faut poursuivre une véritable discussion par le biais d’un partenariat entre chrétiens et musulmans sur les différents chantiers du pays, comme « la promotion humaine, l’éducation, la santé ou le social ».
Selon les chiffres officiels, plus de 80 % des élèves de l’enseignement catholique privé sont issus de foyers musulmans (qui font confiance à cette institution), et un nombre important d’enseignants sont également musulmans qui « acceptent pleinement la mission éducative de l’Église, fondée sur une spiritualité vision de l’homme. »

Depuis l’aube de la démocratie jusqu’à nos jours, musulmans et chrétiens ont marché ensemble pour condamner les atteintes à la personne humaine et les failles de notre gouvernement, pour prôner la coexistence et la cohésion sociale… Sans compter que dans notre nation, la La communauté chrétienne a toujours fait preuve de prudence et de tolérance en pratiquant sa foi tranquillement et dans le plus grand respect de toutes les autres confessions.
Par exemple, en janvier 2018, des représentants de la jeunesse musulmane et chrétienne du Mali se sont engagés à favoriser le dialogue interreligieux dans le pays.

Nous sommes sur la même longueur d’onde que les communautés chrétiennes du Mali (Association des Regroupements d’Églises Protestantes Évangéliques et des Missions du Mali, Conférence Épiscopale du Mali), qui, dans un communiqué en date du 9 novembre 2022, rappelaient suivre « avec une attention soutenue l’évolution de la situation socio-politique de notre pays », qui est en train de prendre « une autre dimension aux conséquences incalculables ».

Nous avons croisé les bras, indifférents, alors que nous les regardions brûler et saigner le cœur de notre nation sous le couvert d’une féroce querelle entre Peuls et Dogons.
Ils tentent toujours de plonger la nation dans un conflit religieux.
Nous avons déjà suffisamment de problèmes dans le monde concernant les effets tragiques du terrorisme. Ce n’est pas le moment d’ouvrir une autre boîte de Pandore. Pour une vie de groupe heureuse, nous avons pratiquement toujours accepté notre diversité.
Il n’y a aucune raison de l’abandonner à un moment où notre nation a besoin d’unité et de cohésion sociale pour enrayer le cycle de l’insécurité et de l’instabilité.

Il est donc de notre responsabilité collective de lutter pour éviter que le barrage de la tolérance religieuse, de la coexistence pacifique des nombreuses confessions pratiquées dans notre nation, ne s’effondre.
Si jamais cette digue cède, elle détruira les bases du pays et de la République. Dieu pardonne.

Moussa Bolly

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