Campagne de commercialisation du coton 2022/2023 : Le prix du coton graine premium au Mali est de 285 FCFA/kg, une première.
La campagne agricole au Mali pour 2022/2023 a débuté dans une situation difficile marquée par deux circonstances défavorables importantes :
La hausse mondiale des prix des intrants agricoles (après la pandémie de Covid-19 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine) ;
Le Mali est soumis à un embargo appliqué par la CEDEAO et l’UEMOA de janvier à juillet 2022, lui refusant l’accès aux principaux ports d’approvisionnement du pays.
Les engrais du système du coton (par exemple, le coton, le maïs, le mil et le sorgho) ont augmenté comme suit :
-En 2021/2022, le prix fournisseur complexe coton est passé de 383 000 FCFA/tonne à 620 000 FCFA/tonne.
– Le FCFA/tonne du complexe céréalier est passé de 380 000 à 615 000.
-Le prix de l’urée est passé de 370 000 FCFA/tonne à 640 000 FCFA/tonne. Il convient de souligner que sur le marché mondial, cet engrais est peu disponible.
Pour faire face à cette situation inhabituelle, le Président de la Transition a émis des recommandations fortes encourageant les agriculteurs lors de la 12e session du Conseil supérieur de l’agriculture en mars 2022, à savoir :
Le prix d’achat du coton graine a été fixé à 285 FCFA/kg de premier choix (une première au Mali)…
Un sac de 50 kilos d’engrais chimiques (complexe coton, complexe céréales et urée) coûte 12 500 FCFA, contre un prix fournisseur moyen de 32 000 FCFA/sac.
Un sac de 50 kilogrammes d’engrais organique coûte 2 500 FCFA, contre un prix moyen fournisseur de 5 750 FCFA.
Pour mieux inciter les producteurs de coton, l’Interprofession du coton (IPC-Mali) a baissé le prix de vente des pesticides, de la chaux agricole et du PNT granulé.
Les agriculteurs ont donc été inspirés, puisqu’ils ont pu ensemencer un total de 743 824 acres.
Néanmoins, l’embargo de l’UEMOA et de la CEDEAO sur le Mali a eu un impact significatif sur le rythme d’approvisionnement des producteurs en intrants agricoles. Ces intrants sont réellement transférés au Mali via des ports sous-régionaux tels qu’Abidjan, San Pédro et Dakar.
Les contrats de distribution d’engrais devraient être signés d’ici fin mai 2022. L’embargo a considérablement restreint l’approvisionnement en intrants (engrais et insecticides). L’approvisionnement en engrais a été retardé jusqu’à fin août 2022, tandis que les livraisons d’insecticides ont été retardées jusqu’à la mi-septembre.
Ce retard dans l’approvisionnement en intrants dans certaines zones de culture du coton a conduit à ne pas tenir compte du moment idéal du système cotonnier pour la fertilisation des cultures. Malgré ces contraintes considérables, toutes les coopératives de producteurs de coton ont pu se procurer des engrais et des pesticides.
Il a été suggéré que les agriculteurs se concentrent sur l’utilisation d’intrants d’amendement (granules de PNT, chaux agricole, engrais organiques) pour contrer l’impact négatif du retard d’approvisionnement en engrais chimiques sur les rendements.
Suite à de fortes pluies, des inondations de parcelles ont été constatées.
Dans l’ensemble, les quantités de pluie enregistrées à plusieurs stations pluviométriques jusqu’au 30 septembre 2022 ont été excessives. De fortes pluies ont été enregistrées dans toutes les zones de production. Des inondations se sont produites sur des parcelles proches de cours d’eau et dans les basses terres. Les recensements de gestion effectués début octobre indiquent 34 596 hectares de coton inondé.
Plusieurs graphiques illustrent le lessivage. La végétation de ces parcelles est rabougrie. De nombreuses parcelles de coton ont été affectées par la pourriture basale de la capsule.
Il faut se rappeler que le cotonnier n’aime pas les fortes précipitations et les pluies fréquentes. La production de coton a diminué au cours des dernières campagnes. Considérez les exemples suivants pour démontrer:
Des inondations se sont produites pendant la saison 1999/2000 en raison de fortes précipitations. En conséquence, la production de coton graine a diminué de 11 %, passant de 518 364 tonnes en 1998/1999 à 459 123 tonnes en 1999/2000.
Il y a aussi eu beaucoup de pluie tout au long de la saison 2018/2019, ce qui a provoqué des inondations. En conséquence, la production de coton graine a diminué de 10 %, passant de 728 606 tonnes en 2017/2018 à 656 531 tonnes en 2018/2019.
Sur la base de ces deux exemples, il est évident que des précipitations importantes produisant des inondations, du désherbage et du lessivage peuvent entraîner une perte de rendement de plus de 10 % par rapport à une campagne régulière.
De nouvelles espèces de cicadelles ont envahi les champs de la sous-région, notamment le Mali, précoce (Jassides)
La campagne 2022/2023 a été marquée par un fait inhabituel : la propagation rapide des jassides à partir de fin juillet 2022. Suite à l’observation de ce phénomène lors de la mission conjointe CMDT-IER d’usage liée au suivi phytosanitaire des cultures dans le système cotonnier, le PDG de la CMDT Le Dr Nango Dembélé et ses techniciens sont intervenus rapidement pour réduire les dégâts :
Les gestionnaires et les producteurs ont été rapidement conseillés d’ajuster la stratégie de protection phytosanitaire du cotonnier : l’intervalle de traitement a été réduit de 14 à 07 jours, et les produits recommandés contre les jassides ont été utilisés.
L’arrêté du GIE C-SCPC/CMDT/OHVN, ainsi que la fourniture de pesticides contre les jassides comme suggéré par le Programme Coton de l’IER ;
Diffusion de microprogrammes sur l’ORTM et les radios locales de la région cotonnière pour améliorer la connaissance des producteurs sur les stratégies de gestion du jassid ;
Programme coton identification des espèces de jassidés
Ce phénomène de pullulation jassid est un enjeu sous-régional.
Le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et le Togo font partie des pays touchés. Le Bénin, le Cameroun et le Tchad s’en sortent bien. Selon les analystes, la production de coton en Afrique de l’Ouest et du Centre pourrait chuter de façon spectaculaire au cours de la campagne 2022/2023 pour atteindre environ un million de tonnes de coton graine.
Plusieurs concessionnaires prévoient que la baisse pourrait dépasser 20 % par rapport au niveau de production de 2021/2022. Cette diminution est attribuée en partie à la croissance des jassides.
Face à l’ampleur de la pullulation, les Programmes Coton des Instituts de Recherche Agronomique des huit pays membres du Programme Régional de Production Intégrée de Coton en Afrique (PR-PICA) se sont réunis pour proposer des stratégies et des produits appropriés de lutte contre de nouvelles espèces de jassidés inconnues. dans nos pays dès la prochaine campagne.
Jacobiella fascialis est l’espèce de jassidé la plus répandue dans la sous-région.
Il est possible de le gérer avec les produits pesticides disponibles.
Source: CCom CMDT