Djerba 2022, la capitale francophone

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Djerba 2022, la capitale francophone

Le 18e Sommet de la Francophonie a débuté comme prévu à Djerba malgré plusieurs reports, incertitudes et problèmes de procédure mineurs. Cependant, son organisation était truffée de pièges pour les autorités tunisiennes.

Dès lors, le français est devenu la langue officielle de Djerba… Le 18e sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui comprend la réunion ministérielle du 18 au 20 novembre, durera au moins 72 heures. L’organisation de cet événement en Tunisie n’a cependant pas été un fleuve tranquille. Trois mois avant l’événement, des rumeurs de déménagement à Paris circulaient encore dans les couloirs parisiens de l’institution francophone.

Tout a commencé par « une belle surprise », comme l’avait dit à l’époque Béji Cad Essebsi, alors président de la Tunisie. Un cadeau plutôt, tombé du ciel et de la volonté du président Macron, qui, quelques mois seulement avant l’organisation du 17e sommet à Erevan, en Arménie, en 2018, avait décidé de confier celle du prochain sommet, initialement prévu avoir lieu en France, à la jeune démocratie tunisienne.

Le Palais de Carthage évoque donc d’abord Tunis, la capitale qui accueillera la future manifestation, puis Monastir, la ville d’Habib Bourguiba, le père de la liberté tunisienne et l’un des quatre membres fondateurs de l’OIF en 1970.

Rapports
L’île de Djerba est enfin mentionnée par René Trabelsi, le ministre tunisien du tourisme né à Djerba à l’époque. Une suggestion approuvée par le président Essebsi et son cabinet, qui ont vu dans ce sommet une opportunité de rééquilibrer le développement économique en faveur de l’île, fortement impactée par la baisse de la fréquentation. Béji Cad Essebsi s’est tenu à distance de l’effort jusqu’à sa mort le 25 juillet 2019.

Si la venue de Céline Dion a apparemment été suggérée à un moment donné par les responsables du pays, rien n’était préparé lors de l’élection de Kas Saed en octobre 2019, sur le terrain. Et la décision prise par le nouveau président de la Tunisie lors de son entrée en fonction de remplacer l’équipe de direction de l’organisation n’arrange pas la situation. Le déclenchement mondial de l’épidémie de Covid en mars 2020 va modifier le scénario et offrir à la Tunisie une nouvelle échéance, puisque l’OIF accepte deux mois plus tard de reporter d’un an son 18e sommet, initialement prévu les 12 et 13 décembre 2020.

Des œuvres importantes révélées
Kas Saed a rapidement confirmé la sélection de Djerba. Il s’appuie sur les conclusions des premières commissions dépêchées de Tunis en septembre 2019 pour évaluer le potentiel de l’île à accueillir un tel événement. « Ils confirment que Djerba dispose de toutes les infrastructures nécessaires, de l’aéroport international aux capacités hôtelières de luxe pour accueillir les nombreuses délégations, en passant par les salles de conférence pour les séances plénières et les lieux susceptibles de pouvoir accueillir le futur village de la francophonie, ainsi comme cérémonie d’ouverture », déclare Houcine Jrad, le maire de la commune de Djerba-Houmt-Souk. Tous sont situés dans un cadre simple à sécuriser.

Les routes et l’aéroport subiront d’importants travaux de rénovation. En 2020, cependant, aucun progrès significatif n’est réalisé. L’île, comme le reste du pays, est encore confinée, et l’organisation de la future manifestation ne semble pas susciter beaucoup d’enthousiasme chez les Tunisiens, à l’exception des Djerbaais conscients de ses retombées économiques pour leur île.

Avant la suspension du Parlement par Kas Saed le 25 juillet 2021, qui sème l’incertitude chez les francophones, les objections de l’opposition concernant « les milliards » que coûterait le sommet au pays commenceront à se faire entendre en 2021. Particulièrement dirigées contre Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a lancé les premières menaces de boycott. Le virus résoudra une fois de plus le problème, puisque l’OIF se résout en octobre à reporter la conférence d’une année supplémentaire, aux 20 et 21 novembre 2022. La Tunisie bénéficie d’un nouveau répit, dont elle compte bien profiter cette fois.

Une action planifiée
L’année 2022 commence cependant avec de nouvelles inquiétudes, cette fois-ci énoncées par l’OIF elle-même, qui souhaite éviter une nouvelle désillusion en cette fin d’année. À un moment donné, l’idée de déplacer le sommet à Marrakech est même envisagée par le Canada. Mais Paris ne lâchera pas la Tunisie, qui en moins de 10 mois fera tout ce qui n’a pas été possible les deux années précédentes. Le moment est venu de rassurer le FMI sur le fait que la Tunisie a un programme et de persuader ses experts des conséquences positives sur l’économie du pays.

D’autant que le coût n’apparaît pas trop cher pour Tunis, qui prend en charge le séjour des chefs de délégation et la sécurité du sommet. En fait, à partir de juillet, tout s’est accéléré, même les processus extraordinaires du gouvernement pour l’attribution des contrats publics. En réponse, la chef du gouvernement tunisien, Najla Bouden, choque tout le monde en programmant une rencontre à Djerba pour les participants aux Universités d’été du Medef organisées à Paris fin août.

Le seul regret pour Houcine Jrad était que la cérémonie d’ouverture ne se soit pas déroulée dans l’emblématique théâtre en plein air de l’île. « Pourtant, il s’est préparé depuis deux ans », déplore l’élu municipal, qui est certain qu' »il y aura un pré-sommet et un post-sommet à Djerba ».

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